Pour répondre à cette question, le Nkafu policy Institute, a organisé un atelier de travail ce vendredi 25 Mars 2022 autour d’une table ronde sise à la fondation Muna de Yaoundé. Y ont été conviés, une bagatelle d’experts, de chefs d’entreprises, de journalistes, des membres de la société civile et de hauts responsables publiques du ministère de la promotion de la femme et de la famille.

Etat des lieux…
Selon un rapport de la banque mondiale en 2020, les femmes représentent la moitié de la population totale du Cameroun. Bien que le gouvernement favorise continuellement des initiatives visant à garantir l’égalité des sexes, les femmes camerounaises continuent de subir de multiples injustices et ceci dans tous les secteurs d’activités de la société. Pour preuve, seulement 3% des femmes possèdent une maison sans titre foncier et 1% ont un titre à leur nom. Au niveau de l’accès aux postes de décision, on dénombre seulement 33,89% des femmes au parlement en 2020, il en est de même pour l’accès à l’éducation où 32,5% des femmes de plus de 25 ans ont atteint un niveau d’étude secondaire contre 39,2% des hommes. L’accès aux soins maternelles et au crédit ne sont pas en reste.
Hormis ces multiples injustices sociales, les femmes camerounaises sont aussi victimes de nombreuses formes de violence, parmi lesquelles des violences domestiques (43,2%), émotionnelles(39,8%) et 14,5% auraient subis des violences sexuelles selon un rapport publié en 2019 par le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU(OCHA).
C’est fort de ce constat que s’est tenu cet atelier de travail, avec pour objectif d’apporter des solutions en vue de “Faire progresser efficacement les questions de genre au Cameroun par le biais d’un plaidoyer politique.”
Le compte rendu…
« Toutes les femmes devraient posséder le Code pénal. nous avons toutes besoin de connaître les lois qui entourent les femmes et le genre. Nous avons besoin de ces lois pour nous protéger. Il ne faut pas rester en arrière et attendre que des problèmes surgissent pour être informés”»
A DÉCLARÉ JOY CHEFU, coordonatrice de l’Atelier de travail

Concrètement, les discussions au cœur de cet atelier de travail portaient sur :
L’examen des inégalités entre les sexes au Cameroun
Au cours de ces échanges, les participants ont tour à tour présenté plusieurs cas de figures qui reflètent ces inégalités notamment :
- La femme enceinte, qu’elle soit élève, étudiante ou employée dans une entreprise se retrouve mise à l’écart et dans certains cas, elle est envoyée en congé de maternité avec suspension de salaire. Ce qui n’est pas le cas pour les hommes lorsqu’ils deviennent parents.
- Une femme qui exerce dans le même secteur d’activité que son mari n’aurait pas le droit d’avoir un compte bancaire personnel.
- Dans certaines entreprises privées les femmes occupant les mêmes postes que les hommes n’ont pas droit au même salaire et avantages que ceux-ci, sous prétexte qu’elles sont des femmes.
- La culture du patriarcat très prononcée au Cameroun serait l’une des causes majeures aux inégalités de sexe entre hommes et femmes.
Identifier les défis auxquels sont confrontés les femmes pour surmonter l’écart des sexes au Cameroun
- la majorité des femmes ont un manque d’éducation, de scolarisation et un très faible accès aux informations, ce qui leur empêche de saisir des opportunités mise en place par le gouvernement à leur avantage.
- Difficulté d’accès aux postes de décision.
72% des femmes au Cameroun évoluent dans l’agriculture mais 79% demeurent pauvres.
- Les femmes sont dans la plupart des cas utilisées dans des entreprises comme des objets markéting et publicitaires pour attirer la clientèle.
- Certaines femmes qui parviennent à se hisser au sommet dans la société ne soutiennent pas assez les autres femmes pour leur permettre elles aussi de réussir.
Quelques propositions de solution pour un plaidoyer efficace sur l’égalité des sexes au Cameroun
Plusieurs idées intéressantes ont été émises par les femmes de la société civile présentes à cet atelier de travail, notamment :
- La société civile devrait mener plus de campagnes de sensibilisation pour les femmes afin de les informer de leurs droits, car la majorité subissent des injustices à tort par ignorance.
- les femmes devraient être informées et formées sur les activités génératrices de revenus à court, moyen et long terme.
Se servir des avantages du numérique notamment (le télétravail) pour palier aux contraintes naturelles et culturelles inhérentes aux femmes camerounaises qui doivent être à la fois femmes au foyer, épouses, mères et fonctionnaires.

- Plus d’accent devrait être mis sur l’adoption du Code de la famille qui englobe les aspects touchant directement les familles”
A propos du projet WERC et du groupe de travail (GTO)
Le projet WERC (promotion des droits économiques des femmes au Cameroun) développé par le Nkafu policy Institute, vise à éliminer les obstacles liés à la participation des femmes aux activités productrices. Plus précisément, il est question de mener une campagne de plaidoyer avec une coalition d’acteurs gouvernementaux, de parlementaires, d’entreprises, de médias et d’universitaires afin de promouvoir les droits économiques des femmes au Cameroun.
En ce sens, le projet plaide en faveur de la liberté et de la prospérité économique des femmes Camerounaises, en se concentrant sur la manière dont les considérations politiques et institutionnelles encadrent les conditions de leur accès aux ressources nationales en général, et en examinant en particulier comment certaines mesures administratives ou lois existantes constituent des obstacles à leur participation égale aux activités productives.

Pour atteindre les objectifs du projet, le groupe de travail opérationnel(GTO) est chargé d’explorer les réformes politiques qui peuvent être mises en place pour éradiquer les différents obstacles qui entravent la participation économique des femmes aux activités productives. Plus précisément, la mission du GTO est de :
- Identifier et examiner en profondeur les politiques et les mesures administratives ou les projets de lois qui entravent la participation égale des femmes aux activités productives existantes au Cameroun.
- Proposer des stratégies sur la façon de plaider pour des reformes politiques et la suppression des mesures administratives et des projets de lois qui entravent le développement économique des femmes.
- Identifier les domaines à améliorer dans les politiques et les lois camerounaises actuelles qui entravent l’autonomisation économique des femmes.
- Proposer un plan d’action pour la mise en œuvre des recommandations faites lors des sessions du groupe de travail.
- Préparer et soumettre aux parties prenantes un rapport avec des recommandations sur la promotion des droits économiques des femmes au Cameroun.
Le mot de fin :
Quand les femmes se battent pour l’égalité, elles se battent en fait pour l’équité. Lorsque vous tirez bas, vous n’obtenez rien. Nous savons que beaucoup a été fait en ce qui concerne l’égalité des sexes, mais le quota n’est pas suffisant, nous avons besoin de plus.
ont déclaré l’ensemble des femmes de la société civile