Ce lundi 22 juin 2020, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a annoncé, à l’Assemblée nationale, que le gouvernement envisage de renforcer la taxation des alcools et des tabacs afin de limiter leur consommation. Ceci, dans le cadre du projet de loi autorisant le président de la République à ratifier le protocole pour l’élimination du commerce illicite des produits tabacoles.
Selon les propos du ministre : « Si vous voulez lutter contre la consommation abusive des produits du tabac, il est important de faire en sorte que les produits ne soient pas plus disponibles et plus abordables. Par exemple [pour], le whisky et l’alcool, nous verrons comment nous pouvons renforcer la taxation pour rendre ces produits moins accessibles aux consommateurs, moins abordables pour les jeunes et les personnes défavorisées. »
Rappelons que, Dans la loi de finance 2020, le Cameroun a en effet augmenté les droits d’accises de 30% sur les cigares, les cigarettes et les autres tabacs ; les pipes (notamment les chichas) et leurs parties, les tabacs et préparations pour pipes. En 2019, le gouvernement avait procédé à une modification des droits d’accise sur les bières alcoolisées à hauteur de 5,5%. Y faisant suite, les sociétés brassicoles, à leur tour, avaient augmenté le prix des boissons alcoolisés de 50 FCFA.
Cependant, du point de vue du patriotisme économique cela ne résout véritablement pas le problème. Car, malgré les multiples augmentations des droits d’assises et des taxes sur les produits importés, ceux-ci parviennent tout de même à entrer en masse sur le territoire, Au vu de la demande sans cesse croissante. Pour mettre fin à ces importations ou du moins les réduire, le gouvernement camerounais a deux options :
Appliquer le protectionnisme étatique :
En interdisant aux étrangers, la production ou la commercialisation de ces produits sur et/ou vers le territoire national camerounais. Ce qui est très peu probable, au vu du contexte, et des moyens de pressions énormes que détiennent ces firmes au Cameroun. Ceci est d’autant plus grave eu égard de la place de choix qu’occupent ces produits de luxe, et de consommation abusive dans la société camerounaise. L’option du protectionnisme dans ce cas ne serait également pas un choix adéquat, étant donné la faiblesse du tissu industriel camerounais dans ces secteurs au combien stratégiques. Le protectionnisme étant écarté, il ne nous reste plus qu’un autre choix.
Le patriotisme économique.
Étant donné que l’on ne peut interdire aux camerounais de boire de l’alcool, de fumer des cigares, et des chichas ; Vaudrait mieux que cette consommation abusive soit mise au service du développement du Cameroun. Ceci, en investissant un pourcentage des revenus issus des droits d’assises, dans des entreprises locales, capables de produire tous ces produits ici sur place. A ce titre, l’État pourrait leur faciliter les procédures administratives et fiscales, Afin de doper leur croissance. Ainsi, elles pourront entrer véritablement en guerre contre les importations étrangères et ainsi limiter leur pénétration sur le territoire. Et ce n’est pas tout, opter pour le patriotisme économique permettra également de créer de multiples emplois pour les millions de jeunes qui chaque année sortent de l’école et ne parviennent pas à trouver un emploi. Ce choix stratégique aura également pour avantage direct le développement de la filière agricole, et l’introduction de nouvelles cultures encore très peu utilisées sur nos terres. Mais plus important encore, cela permettra de réduire considérablement la fuite des devises.
Nous pouvons déjà percevoir les contestations « des moralistes » qui pensent que, le faire serait encourager la jeunesse à consommer plus d’alcool et de tabac. Cependant, ne pas le faire, reviendrait une nouvelle fois à rester les bras croisés face à cette nouvelle forme de colonisation économique et culturelle.
N’oubliez pas nous sommes en guerre. Et en période de guerre tous les coups sont permis.