« Le financement de nouveaux grands projets se révèlerait problématique compte tenu du risque de surendettement élevé auquel le Cameroun est actuellement confronté. Le recours à des PPP [partenariats public-privé] pourrait se révéler bénéfique, mais il faudrait pour cela que les autorités camerounaises adoptent une approche plus volontariste en termes de planification et de budgétisation » a écrit le FMI.
En effet, la dette publique du Cameroun estimée à 38,6% du PIB au mois d’avril 2020, pourrait bien selon les experts, atteindre les 45% d’ici la fin d’année. En terme de répartition, cet encours est constitué à 99,6 % de la dette publique directe (dont 75,7 % de dette extérieure, et 24,3% de dette intérieure) et à 0,4% de la dette avalisée par l’État. Un taux d’endettement inquiétant selon le FMI.
Les investisseurs locaux comme solution
En effet, le fonds monétaire internationale pense qu’en se tournant vers les investisseurs camerounais, cela pourrait solutionner les contraintes en matière de financement. Cependant, avant de solliciter de nouveaux financements pour les projets de deuxième génération, quid des premiers financements ?
A ce sujet, le Fmi insiste: la priorité doit être donnée à l’achèvement de ceux de première génération (barrage de Lom Pangar, centrale hydroélectrique de Memve’élé, complexe portuaire de Kribi, deuxième pont sur le Wouri, etc.) et à leur complémentarité, avec l’ambition de bénéficier de chaque projet à son plein potentiel.

De même, les contrats de prestations de services de ces projets doivent être octroyés aux entreprises camerounaises, afin qu’elles bénéficient d’un renforcement des capacités par le biais d’entreprises étrangères. Plus important encore, l’État Camerounais doit être plus rigoureux dans choix et le ciblage d’un nombre réaliste de projets en fonction des priorités en matière de développement.
Rappelons que, sur les 11 grands projets annoncés par le gouvernement camerounais sur la période 2010-2020, le FMI note que cinq sont achevés ou sur le point de l’être, deux sont en cours et quatre n’ont pas encore commencé. Au cours de ces dix dernières années, le soutien financier des partenaires pour ces 11 projets s’élève au moins à 1 195 milliards de FCFA, le financement propre du Cameroun étant estimé à 348 milliards de FCFA.
[…] Rappelons que le budget d’un pays représente l’ensemble des dépenses et des recettes envisagées par l’État au cours d’une année civile. De ce fait la diminution du budget du Cameroun cette année a eu impact directe sur les crédits de paiements accordés aux ministères en charge de de la promotion et de l’amélioration de la compétitivité nationale. Plus grave encore, cet ajustement du budget n’a pas suffit à résoudre le problème du besoin en financement de l’économie nationale qui est passé de 1304,5 milliards à 1816 milliards de francs CFA, creusant ainsi davantage le déficit budgétaire. Étant donné que la création de richesses locales reste très faible, L’État n’a pour seule issue de secours que de recourir à l’endettement afin de financer son déficit budgétaire. […]