C’est le résultat d’une étude menée par la fondation Denis et Lenora Foretia, en association avec le NKAFU POLICY institute, dont le rapport a été présenté ce mercredi 23 novembre 2021 au cours d’une conférence de presse réunissant tous les organes sérieux de la presse Camerounaise, parmi lesquels PAN-ECO MEDIA.

Une étude au combien importante pour tous les camerounais soucieux de comprendre la situation réelle de notre économie, eu égard à tous les chocs sécuritaires et sanitaires auxquels nous faisons face. Mais avant toute chose, situons les faits dans leur contexte.

Ce qu’il faut savoir sur le budget 2021 au Cameroun

Rappelons que le budget d’un pays représente l’ensemble des dépenses et des recettes envisagées par l’État au cours d’une année civile. A cet effet, Le président de la République a signé le 7 juin 2021 une ordonnance modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°2020/018 du 17 décembre 2020 portant loi de finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2021. Une nouvelle ordonnance après la dernière intervenue le 26 mai dernier et qui permet à l’Etat de lever des fonds sur le marché financier international. Dans cette nouvelle ordonnance donc, ce sont 11 dispositions qui sont modifiées et complétées en même temps que deux nouveaux articles sont insérés. Il ressort en premier de cet acte du président de la République que le budget de l’année 2021 au Cameroun est revu à la hausse. Passant de 4865,2 milliards à 5235,8 milliards FCFA, soit une augmentation de 370 milliards de FCFA.

Par ailleurs, le cadre d’analyse de la viabilité de la dette publique définie conjointement par le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque mondiale en 2018, nous informe que la dette publique du Cameroun, bien qu’elle reste soutenable (estimée à 46,9 % du Produit Intérieur Brut, demeurant ainsi en dessous du seuil communautaire de 70 %), fait peser sur l’économie camerounaise un risque de surendettement extérieur encore élevé.

Eu égard à tout ceci, c’est donc légitimement que le Nkafu Policy Institute comme à l’accoutumée analyse les recettes et dépenses budgétaires de l’exercice 2021, en marquant un point d’arrêt cette fois sur la viabilité de la dette publique.

Pourquoi le Cameroun s’endette ?

A cette question, les experts du Nkafu Policy institute, nous informent qu’il existe plusieurs facteurs qui contraignent le gouvernement du Cameroun à recourir à la dette notamment :

La baisse des cours des matières premières (notamment le pétrole), la faible production interne, le faible taux de création de richesses, la crise anglophone, la baisse des recettes publiques, l’inflation, etc.

A titre d’information, ces multiples emprunts extérieurs sont contractés dans le but de :

Rembourser les dettes des entreprises publiques (camair-co, sonara), financer les chantiers de la Can et financer la reconstruction du nord-ouest et du Sud-ouest, etc.

Ainsi, l’étude préconise un certain nombre de propositions de politique économique au gouvernement camerounais afin de réduire le fardeau de la dette. Nous vous présentons les résultats et les recommandations dans les lignes qui suivent.

La quintessence du rapport & Les recommandations des chercheurs

Pour mener à bien leurs recherches, les experts du Nkafu policy institute ont collecté les données sur la loi de finances 2021 du Cameroun, les ressources documentaires de la banque mondiale, du FMI, du Ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT), de la caisse autonome d’amortissement et du ministère des finances.

La quintessence de ce rapport revient sur le cadre d’analyse de la viabilité de la dette publique du Cameroun mentionné plus haut qui nous révèle qu’en l’absence d’actions concrètes et radicales du gouvernement pour réduire son rythme d’endettement, le Trésor public camerounais pourra difficilement, dans un futur proche, honorer tous les engagements financiers de l’État sur les marchés obligataires, notamment en ce qui concerne le paiement du service de la dette.

De même, les ratios de liquidité et de solvabilité du Cameroun correspondent à une politique susceptible d’être améliorée. Certains indicateurs de la dette et du service de la dette dépassent de manière considérable les seuils de référence à court terme sur toute la période de l’étude comprise entre 2021 et 2030. Eu égard à tout ceci, les chercheurs du Nkafu Policy Institute présentent 03 recommandations fortes en guise de solutions.

Le Cameroun doit davantage promouvoir la compétitivité de son économie ainsi qu’une plus grande diversification de sa production. Ces options sont aujourd’hui incontournables pour éviter que le surendettement extérieur qui pèse actuellement sur le pays n’affecte la croissance et l’investissement.

En effet, les chercheurs révèlent que les budgets alloués aux départements ministériels en charge de la promotion du savoir-faire camerounais et de la compétitivité des entreprises nationales, ne sont pas assez suffisants pour rendre nos Pmes compétitives tant sur le plan national que continental notamment avec la mise en place de la Zlecaf.

Pourtant, l’émergence des entreprises nationales favoriserait un élargissement de l’assiette fiscale qui à son tour permettrait à l’État de recouvrer des recettes supplémentaires collectées auprès de PMEs (impôts et taxes) et réduirait le recours au marché monétaire national et international pour financer le déficit budgétaire.

Le Cameroun doit privilégier des conditions concessionnelles lorsqu’il décide d’emprunter sur le marché international pour financer son déficit budgétaire, l’enjeu étant d’assurer un paiement régulier du service de la dette correspondant.

En règle générale un prêt est réputé concessionnel si son élément don est d’au moins 35 % mais ce seuil peut être supérieur dans certains cas (FMI, 2010). Pour rappel, les prêts à conditions préférentielles renvoient en effet à ceux dont le taux d’intérêt qui prévaut au moment où la dette extérieure est contractée est inférieur au taux actuel du marché.

Selon les chercheurs du Nkafu Policy Institute, l’enjeu pour le Cameroun est de soutenir l’assainissement budgétaire progressif tout en réduisant le fardeau de la dette extérieure existant. Pour y parvenir, il faut naturellement privilégier les dépenses d’investissement qui servent à la production, au détriment des dépenses de fonctionnement. Une telle stratégie pourrait permettre à l’État d’identifier au préalable la source du remboursement du service de la dette ainsi que les moyens de rembourser le principal à échéances.

Le renforcement du partenariat public-privé est également indispensable pour éviter le surendettement extérieur du Cameroun.

En effet, le cadre du partenariat public-privé (PPP) prévoit en effet de confier à un prestataire privé la réalisation d’une infrastructure publique, ainsi que la gestion de certaines activités relevant du domaine public pour une période déterminée. Le partenariat public-privé est donc un mode de financement via lequel l’autorité publique fait appel à des prestataires privés pour financer et gérer un équipement assurant ou contribuant au service public. L’avantage de ce système de financement est qu’il permet à l’État ainsi qu’aux citoyens de bénéficier des innovations conçues par les entreprises privées. Le partenariat public-privé apparaît ainsi comme un mode de financement alternatif plus abordable à court terme pour le secteur public.

A propos du rapport

Ce rapport a été rédigé sous la conduite du Docteur Jean Cédric Kouam, Directeur Adjoint des Affaires Économiques au Nkafu Policy Institute. L’équipe de rédaction était constituée en outre de :

• M. Henri Kouam Tamto, Analyste des politiques économiques au Nkafu Policy Institute ;

• M. Bin Joachem Meh, Free Enterprise Associate au Nkafu Policy Institute;

• Mlle Marlyse Noussi, Assistante de Recherche au Nkafu Policy Institute.

Eu égard à toutes ces recommandations au combien pertinentes, nous exhortons les responsables du gouvernement du Cameroun, à se pencher très sérieusement sur les résultats de ces recherches scientifiques en vue de prendre résolument les décisions capable de porter le Cameroun vers le niveau de développement espéré d’ici 2035.

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