Résidant au Ghana, cette ivoirienne de 26 ans a été sacrée lauréate du prix africain de l’ingénierie 2020 pour son logiciel de reconnaissance faciale, baptisé BACE API. Une première pour la côte d’ivoire mais également pour la gente féminine après six éditions.
L’IDEE PART D’UN CONSTAT
« De nombreuses institutions financières dans ce pays d’Afrique de l’ouest sont confrontées à la fraude d’identité, estimant qu’elles dépensent jusqu’à 400 millions de dollars par an pour identifier leurs clients » explique la jeune lauréate.
D’où la décision aussi renchérit-elle, « d’apporter une contribution en tant qu’ingénieure en logiciel et scientifique des données, en construisant une solution qui peut être utile pour ce pays ». C’est ainsi qu’avec l’aide de trois autres camarades, ingénieurs informaticiens rencontrés en 2018 à la MELTWATER ENTREPRENEURIAL SCHOOL OF TECHNOLOGY (MEST) d’accra, incubateur dans lequel elle suivait une formation en codage et entrepreneuriat, elle invente le logiciel BACE API.
L’ACTUELLE CRISE SANITAIRE Y A ETE POUR QUELQUE CHOSE AUSSI
« Avec les défis que posent la covid-19, le continent se réveille. Les gens pensent innovation, idées, changement. Cette crise donne une crédibilité à ce que nous faisons » croit savoir Charlette Nguessan.
Un pari très osé pour peu qu’on se souvienne des résultats de différents tests effectués aux Etats Unis sur ‘’la reconnaissance faciale’’. D’après les ingénieurs américains, « les algorithmes déjà existants y compris les meilleurs sont moins performants pour identifier les individus de couleur ».
Mais la nouvelle trouvaille de la jeune ivoirienne est venue balayer du revers de la main tous ces clichés à la limite désobligeants s’appuyant sur une bonne réserve d’échantillons de visages d’africains au sud du Sahara. « Au début, on s’est même entrainé sur les autres membres de l’incubateur » rappelle-t-elle.

Concrètement, le joyau technologique dont il est question est basé sur la reconnaissance faciale, et donc sur l’intelligence artificielle ayant pour but de vérifier les identités à distance. Il suffit d’une simple image prise même à l’aide d’une caméra de téléphone portable pour que le logiciel détermine si l’image en question est celle d’une personne réelle ou tout simplement d’une photo préexistante, voire d’un robot. Il intéresse premièrement les institutions financières et les industries dont l’essentiel du travail intègre la vérification des identités dans l’offre de services. Il peut aussi d’après ses inventeurs être intégré dans les applications et autres systèmes existants.
A POINT NOMME
L’on pouvait difficilement imaginer mieux comme arme au moment où la cybercriminalité gagne du terrain et semble être désigné ennemi numéro 1 à abattre en Afrique et dans le monde. Les cybercrimes ont couté aux économies africaines 3,5 milliards d’euros en 2017 d’après SERIANU, une société kenyane de conseil. Ce à quoi dira Charlette Nguessan :
« la cybercriminalité est une problématique partout en Afrique et encore plus dans le secteur financier, car dans nos pays on est passé directement du cash au numérique ».
Le pari finalement valait le coup au regard du résultat. La Start up a ainsi empoché 25 000 livres sterling, près de 30 000 euros en plus du trophée.
LES NOUVELLES PERSPECTIVES S’OUVRENT
La native d’Abidjan ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Dans le domaine éducatif par exemple, elle travaille sur la mise sur pied d’une plate-forme d’examens en ligne.

Son plaidoyer est celui du ‘’consommons local’’. « Nous avons besoin de plus de solutions MADE IN AFRICA au lieu de produits venus d’ailleurs ». Un discours qui malheureusement s’oppose encore aux initiatives de nombreux Hommes politiques africains. Le cas du Zimbabwe, dont le gouvernement a récemment conclu un accord avec l’entreprise chinoise CLOUDWALK TECHNOLOGY pour l’installation des kits de reconnaissance faciale dans tout le pays.
Pour rappel, le prix de l’académie royale d’ingénierie d’Afrique est une institution britannique qui récompense chaque année une innovation technologique sur le continent.