La lumière pourra être faite sur les commanditaires et les coupables du putsch du 15 octobre 1987, qui a coûté la vie au président du Burkina Faso et à 12 de ses collaborateurs.

Il aura fallu 30 ans et un nouveau gouvernement pour que l’affaire Thomas Sankara prenne un coup d’accélérateur. L’ancien président du pays des hommes intègres sera présenté devant le tribunal militaire de Ouagadougou pour collusion dans le meurtre de celui qui était « le che africain”.

Me Guy Hervé Kam, l’un des avocats des parties civiles à l’AFP, qualifie  cette décision d’historique :

le dossier a été renvoyé, mardi, devant un tribunal militaire de Ouagadougou par la juridiction d’instruction, après la confirmation des charges contre les principaux accusés. Parmi eux, l’ex-despote Blaise Compaoré et treize autres personnes, accusées d’«attentat à la sûreté de l’Etat», de «complicité d’assassinat» et de «complicité de recel de cadavre» a t’il souligné.



Thomas Sankara une icône Africaine

Abattu froidement lors d’une réunion  de travail au conseil national de la révolution le 15 octobre 1987, ainsi que 12 de ses hommes, Thomas est l’une des figures marquantes de l’Afrique. Arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’état, il a gagné le cœur des burkinabés par son combat qui est resté encré dans la mémoire de tous les Africains et est même encore perceptible de nos jours.

En 1983, il rebaptise la Haute-Volta Burkina Faso («le pays des hommes intègres») et proclame une «révolution populaire et démocratique». Leader singulier et charismatique, il s’est rendu célèbre par ses projets pour l’autosuffisance nationale ou des discours poétiques et audacieux.

« Sankara devient tellement populaire par sa lutte contre la corruption que tous les dirigeants voisins ont peur qu’il donne de mauvaises idées à leur jeunesse », raconte Bruno Jaffré, historien spécialisé de l’histoire du Burkina-Faso.

En plus de Blaise Compaoré fidèle ami de Thomas qui a pris le pouvoir après sa mort, sera également jugé le général Diendéré, son bras droit et l’un des principaux chefs de l’armée lors du putsch de 1987 : il est accusé d’avoir organisé l’action du commando qui a commis l’assassinat du président. Il purge actuellement une peine de 20 ans pour tentative de coup d’état en 2015 contre le président Rock Marc Kabore.

Chassé du pouvoir en 2014 par la rue alors qu’il voulait modifier la constitution pour se représenter aux élections présidentielles après 27 ans au pouvoir, Blaise Compaoré s’est exilé en Côte d’Ivoire. Bien que la date du procès n’est pas encore connue, il pourrait être jugé et condamné par contumace si l’état ivoirien ne consent pas à l’extrader vers le Burkina Faso.

Pour rappel, cette procédure est pendante depuis 2016 avec le premier mandat d’arrêt international, lancé par la justice Burkinabè qui sera vite annulé pour vice de force. S’en est suivi une centaine d’auditions de témoins et l’exhumation de la dépouille de Thomas Sankara à la demande de la famille, pour réaliser des tests d’ADN. C’est donc une avancée majeure dans la conquête de la vérité sur les régicides du 15 octobre 1987.

Affaire à suivre…

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